La riche mythologie commune aux Indiens Pueblos et Diné Navajos est centrée autour du thème de l’Émergence, de la sortie du monde inférieur par le Shipapu, le nombril sacré de Mère la Terre, le passage de l’obscurité à la Lumière. C’est aussi le lieu originel qui sert de refuge en attendant que le monde soit restauré dans la beauté. Ce mythe de création sert de canevas à des rituels de guérison où chants, danses, peintures sur sable sont utilisés par les chamanes pour rétablir l’harmonie perdue. Le leitmotiv de ces chants est la marche sur le Sentier de la Beauté pour faire remonter le chant de création.
Quand aveuglés par les mauvais esprits de l’égoïsme, de l’orgueil, de l’avidité, les êtres humains s’écartent de ce Sentier de Vie et trahissent la relation sacrée avec la Terre Mère et toutes les formes de vie. Quand ils ne respectent plus leurs frères et sœurs animaux et humains, le monde est gâché et doit être détruit pour en recréer un autre. Ainsi, l’humanité doit progresser d’un monde à l’autre par de nouvelles émergences, de nouvelles prises de conscience.

La mise en scène est un dialogue constant entre la parole, le chant, la chorégraphie et la scénographie. Les conteurs et la chanteuse incarnent les chamanes, les guides de cérémonie qui insufflent l’évocation du mythe. Ils prennent en charge la narration et participent aux transformations scénographiques avec la danseuse pour incarner des images du récit, les prolonger, les explorer sur un plan onirique et rituel, radicalement contemporain, tissant sans cesse, comme la mythique “Grand-Mère l’Araignée”, la toile de l’univers qui sous-tend notre monde.
Les surprenantes possibilités d’écriture de la danse verticale et de la danse voltige qui défient la pesanteur terrestre démultiplient la dimension poétique, surréaliste du récit, nous faisant passer d’un monde à l’autre.
Les tambours, hochets et chants chamaniques accompagnent la parole et la danse qui s’appuient dessus pour scander le texte et rythmer le mouvement. Ils accentuent ce décrochage d’avec notre représentation habituelle du monde et du sens de la vie tout en intensifiant la fréquence vibratoire.
L’avis de YoshiOïda, acteur, metteur en scène et comédien emblématique de Peter Brook:
« Une direction de travail très intéressante. Une ébauche de spectacle poétique avec un très beau texte, des présences très fortes et de très très belles images ! »